La gare de Betton ne ré-ouvrira pas

La gare de Betton ne ré-ouvrira pas !

Le guichet de la gare de Betton a fermé ses portes il y a 3 ans, privant les habitants d’un service de proximité et accessible pour le conseil et les achats de billets de train.

L’Association Gare Vivante a porté durant 4 ans le projet de réouverture de la gare de Betton en concertation permanente avec la SNCF et les collectivités (Région, Rennes Métropole, mairies).

Cette démarche a conduit à l’élaboration, depuis 2 ans, d’un projet de tiers-lieu, porté par 2 auto-entrepreneuses, qui ont consacré plus d’une année de réflexion, de formation, d’élaboration du projet, de travail. Nous saluons leur engagement courageux , leur investissement humain et leur détermination à faire éclore ce projet de tiers lieu où il aurait assurément fait bon vivre.

             Tous les partenaires publics ainsi que la SNCF ont reconnu l’intérêt de service du projet qui fonctionnait sans aides publiques. Les citoyens y auraient trouvé de quoi prendre leurs billets de train, un café, un en-cas, des animations ponctuelles, bref une gare VIVANTE.

Des années de travail gaspillées, une frustration mais également le constat accablant que l’Etat, par l’intermédiaire de la SNCF, est une institution qui dégrade méthodiquement le service public.

L’Association Gare Vivante déplore le rejet par la SNCF du projet de tiers-lieu. Les conditions de location de la SNCF ne permettant pas la viabilité du projet, la proposition d’achat par les entrepreneuses a été également refusée par le service « Place de la gare « de la SNCF. Refus incompréhensible pour un projet  faisant l’unanimité dans les services.

 Effectivement, un projet de services rendus au public, en substitution à un service public démissionnaire, n’obéit pas aux mêmes logiques de bénéfices qu’une société libérale telle que la SNCF. Une société où les voyageurs ne sont plus des usagers mais des clients, ainsi que la SNCF nous le répète souvent.

Il n’en demeure pas moins que la violence faite aux usagers, elle, est bien réelle. Les gares se retrouvent amputées de leurs guichets, les quais de leurs panneaux d’affichages et horloges, sous la direction du Conseil Régional de Bretagne.

Rappelons que ce service nous est dû puisque la SNCF est détenue à 100 % par l’État Français, c’est-à-dire financée par nos impôts et non un privilège gracieusement accordé.

 

Que nos collectivités locales rechignent à payer un service normalement assuré par la SNCF, cela pourrait se comprendre. L’État augmente les délégations de services publics aux collectivités sans leur donner les moyens financiers de les assurer. On arrive donc dans un système où la logique financière provoquerait l’immobilisme des collectivités.

Mais que dire de la résignation et du silence des collectivités, à tous les niveaux, à quelques exceptions près ?  

Ils nous interrogent. Pas de tribune, ni de prise de parole publique sur ce sujet. Aucun soutien solide, assumé dans la presse, à notre démarche. Aucune dénonciation des inégalités qu’engendre cette numérisation à marche forcée, sans aucune consultation des populations ou réel choix démocratique. Nous aurions apprécié de trouver une collectivité qui soit en mesure de taper du poing sur la table, face à la SNCF, au nom de toutes. Non, juste le pansement obsolète des maisons France Service, solution miracle, bon marché et inefficace.

Supprimer les services en gare constituerait un progrès social. La libéralisation des services et la désertion des services publics engendreraient un apaisement de la société, un monde meilleur. Les émeutes actuelles nous démontrent le contraire. Les institutions publiques sont attaquées au même titre que les commerces, puisqu’elles privilégient des mécanismes similaires, teintés de dialogues de sourds avec des citoyens et bénévoles écoutés mais pas entendus, noyés sous des farandoles de chiffres, et épuisés.

Que souhaitons-nous pour l’avenir ? Des rues désertes bardées de caméras de surveillances et de drones, chacun bien protégé dans son domicile devenu prison ou bien des lieux apaisés où des citoyens égaux peuvent échanger des informations et accéder à des services humains, adaptés et gratuits ? En un mot, se sociabiliser, se responsabiliser, grandir et contribuer à la communauté.

 

 Nous, Association Gare Vivante, ne nous avouons pas vaincus et tirons les conclusions de cet échec. Nous avons pu constater que de nombreuses gares et usagers rencontraient les mêmes problématiques que celle de Betton. Nous élargissons donc notre action à toutes les gares, et encourageons les citoyens et élus motivés à nous rejoindre pour défendre des gares proposant des services accessibles et de qualité, sans conditions de ressources ou de matériel.

Citoyens et élus, réveillez-vous !

 

Association Gare Vivante

 

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